Za- HISTOIRE et TECHNIQUE

La Peinture à l’œuf dite “Tempera”

ou “peinture a tempera”

 

Histoire et technique

 

Le mot Tempera vient du latin temperare qui signifie délayer, mélanger.

Il est dommage que ce terme italien soit improprement traduit en français par détrempe, notamment au sein des musées, ne permettant pas au public de découvrir une technique ancestrale.
Comme dans la plupart des livres d'Art, le côté technique est encore rarement considéré et parfois erroné.

Des peintures à l’œuf sont parfois indiquées comme étant des peintures à l'huile.

 

Botticelli : La naissance de Vénus (détail)
Botticelli : La naissance de Vénus (détail)



Dans l’antiquité, les techniques picturales se développent.

Toutes les sociétés anciennes de la Méditerranée connaissent et pratiquent la tempera.

La cire, qui évite effritement de la couche picturale est également employée. La plupart des peintures conservées de cette époque sont murales, mais on pratiquait cet art aussi sur des objets amovibles comme les tissus, les meubles, les vases, les papyrus et plus tard, vers le VIIe siècle, sur des parchemins (ex : pour les enluminures des manuscrits).

 

Fra Angelico : Enluminures de manuscrit (détail)
Fra Angelico : Enluminures de manuscrit (détail)


On sait aussi que, depuis l’antiquité grecque, on peint souvent les sculptures et les façades des monuments les plus importants.
Cette technique s'est répandue de Byzance en Europe du VIe au XVe siècle.


Au moyen âge, on perfectionne et l’on adapte les techniques des anciens. Dans le cas de peintures murales, en fonction de la nature des pigments, on associe souvent les deux techniques : à sec et à fresque*.

Elle fut utilisée dans de nombreuses églises, chapelles, etc.

 

La Sainte Chapelle à Paris (13e siècle)
La Sainte Chapelle à Paris (13e siècle)


La peinture sur panneaux de bois amovibles rencontre peu à peu un plus grand succès auprès des commanditaires.

Elle permet également une plus grande circulation des œuvres, et donc la possibilité, pour les artistes, de s’enrichir des expériences des autres.

Dans certains cas, on juxtapose des feuilles d’or aux couches colorées, ce qui augmente la valeur de l’objet et grandit le prestige des figures représentées.
La tempera reste la pratique dominante dans la peinture sur panneaux jusqu’à la fin du XVIe siècle.


On utilise de l’eau ou de la colle comme seuls mediums, mais la peinture est alors peu résistante et très sensible aux variations hygrométriques.
On préfère donc souvent ajouter de l’œuf.

Le jaune permet l’émulsion et le blanc, insoluble à l’eau, donne de l’éclat aux couleurs.

Les recettes sont très nombreuses.

 

Icone bysantine
Icône bysantine

 

C'est grâce à l'iconographie que cette technique nous est parvenue sans interruption depuis des siècles.

L'iconographie prohibant la peinture à l'huile qui séduit, attise les sens au point de désirer toucher l'objet.


Paradoxalement la tempera utilisée par les peintres a été supplantée par la peinture à l'huile à partir du XVe siècle.

Celle-ci répondant au besoin pour les peintres de reproduire les choses dans leur réalité visuelle et matérielle. Issue d'une philosophie nouvelle, la peinture à l'huile pris son essor aux cours de ces derniers siècles.

 

TECHNIQUE et PENSÉE :

 

extrait du livre du père Gilbert Assémat sur " Nicolas Greschny un peintre d'icône " P.83 Edition les béatitudes anciennement Lion de Judas.

 
" C'est saint Thomas d'Aquin qui, au XIIIe siècle, a introduit l'aristotélisme dans la philosophie chrétienne jusque-là marquée presque exclusivement par le platonisme.

Il a accordé de l'importance à la réalité matérielle, alors que précédemment c'est le monde des idées qui comptait.

Il nous a amené à regarder les objets pour eux-mêmes. Les faits au lieu de relever de la mystique furent observés comme faits historiques (C'est alors que l'on commença à lire l'évangile comme on lit un livre d'histoire).

Tout ce renouvellement de la pensée fut, parmi bien d'autres facteurs, à l'origine de la Renaissance.

 

Andrea Mantegna -  Christ au jardin des oliviers - 15e siècle
Andrea Mantegna - Christ au jardin des oliviers - 15e siècle


Pendant plusieurs décades on sent d'ailleurs l'hésitation des peintres pris entre les deux techniques parce que partagés entre les deux philosophies.

Ainsi, les préraphaéliques utilisent la tempera quand il s'agit de peindre les visages ou les mains des personnages qu'ils considèrent encore comme divins ; mais ils se servent de l'huile pour peindre les vêtements et les objets dans leur réalité quotidienne la plus concrète…".

 

La Tempera fut redécouverte au début du XIXe siècle.

 

Son usage est actuellement en expansion, surtout dans les pays Anglo-saxons.

Bien que très simple, c'est la technique picturale la plus puissante et la plus fiable.
Le jaune d’œuf est un médium simple et doux respectant la fraicheur des couleurs.

Avec le temps, la peinture se durci et s'améliore.

Après l'évaporation de l'eau, très peu de liant subsiste dans la peinture terminée.

Cette particularité produit un effet optique d'intensité et de profondeur.

Au niveau de l'exécution, la peinture sèche rapidement et se dilue à l'eau. Grace au pouvoir émulsifiant de l’œuf, on peut modifier ou personnaliser son medium par l'adjonction d'huiles et de vernis qui pourront renforcer la peinture.

La Tempera peut être travaillée suivant n'importe quel style ou approche personnelle.


Aujourd'hui cette technique ancestrale est réutilisée par de nombreux artistes, qui veulent atteindre la perfection dans la transparence et la profondeur de leurs teintes.

 

NC Wyeth - 19/20e siècle
NC Wyeth - 19/20e siècle


La peinture a tempera est une technique élaborée, fiable, qui relève davantage de l’artisanat que de la peinture d’artiste. La rigueur de ses règles l’éloigne des arts folkloriques ou populaires et l’apparente au contraire au grand art officiel de la Grèce ou de Rome.

Ce n’est pas un art d’élite ni de virtuose - la virtuosité supplée souvent un manque de technique - : c’est un art accessible à tous.
La matière ordonne et commande la technique. Ce qui est visé c’est une image faite pour durer et qui sera conçue dans ce sens.

La méthode qui convient est celle de l’artisan : le bien-faire se réalise étape par étape. Le bon suivi des étapes conditionne en effet la réussite de l’œuvre finale. Chaque étape demande à être traitée avec le plus grand soin. Si elle est négligée, l’étape suivante sera fatalement défectueuse, car chaque étape prépare aussi la suivante.

 

*Le terme FRESQUE est souvent utilisé improprement dans le langage courant pour désigner la peinture murale en général et plus rarement la technique. Le mot fresque vient de l'italien « a fresco » qui signifie « dans le frais ». C'est une technique particulière de peinture murale dont la réalisation s'opère, avant qu'il ne soit sec, sur un enduit, appelé intonaco.
Le fait de peindre sur un enduit qui n'a pas encore séché permet aux pigments de pénétrer dans la masse, et donc aux couleurs de durer plus longtemps qu'une simple peinture en surface sur un substrat. Son exécution nécessite une grande habileté, et se fait très rapidement, entre la pose de l'enduit et son séchage complet.

 

 

Un article d'Artistes Magazine de septembre 2014 dans lequel j'explique les étapes successives pour réaliser une tempera sur bois :

 

tempera fabienne monnier

 

Vous trouverez un diaporama sur les étapes successives pour réaliser une tempera sur bois dans "PAGES", "GALERIE".

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